Khuddam

Le Soupçon et la Médisance

 

یٰۤاَیُّہَا الَّذِیۡنَ اٰمَنُوا اجۡتَنِبُوۡا کَثِیۡرًا مِّنَ الظَّنِّ  اِنَّ بَعۡضَ الظَّنِّ اِثۡمٌ وَّلَا تَجَسَّسُوۡا وَلَا یَغۡتَبۡ بَّعۡضُکُمۡ بَعۡضًا ؕ اَیُحِبُّ اَحَدُکُمۡ اَنۡ یَّاۡکُلَ لَحۡمَ اَخِیۡہِ مَیۡتًا فَکَرِہۡتُمُوۡہُ ؕ وَاتَّقُوا اللّٰہَ ؕ اِنَّ اللّٰہَ تَوَّابٌ  رَّحِیۡمٌ ( الحجرات ۱۳)

Ô vous qui croyez ! Evitez de vous adonner à trop de soupçons ; car dans certains cas le soupçon est réellement un péché. Et n’espionnez pas, et ne médisez pas non plus les uns des autres. L’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? ! Certainement, vous en auriez horreur. Et craignez Allāh. Assurément, Allah revient sans cesse avec compassion et est Miséricordieux. (Al-hujurat : 13)

Allah le Tout-Puissant a créé l’homme faible, c’est pourquoi cela est mentionné dans plusieurs versets du Saint Coran, par exemple dans la sourate Al-Asr où Allah dit « Sûrement, l’homme est perpétuellement dans un état de perte » ou alors dans la sourate An-Nisa « l’homme a été créé faible.

En ce monde personne n’est exempt de tout défaut. Allah, à travers Son attribut As-Sattar, couvre nos faiblesses. Si nos erreurs, nos failles, nos péchés étaient dévoilés au grand jour, nous n’oserions point nous montrer à autrui. Allah l’Exalté est Celui Qui couvre les faiblesses et Celui Qui pardonne les péchés tout en nous accordant Sa grâce. Il nous conseille de prier tout en évitant les erreurs, les écarts et en accomplissant l’Istighfar. Si nous le faisons, Allah nous pardonnera nos péchés, couvrira nos faiblesses et exaucera nos prières.

Allah l’Exalté dissimule en général les défauts de tout le monde. Le pardon d’Allah couvre en particulier ceux qui accomplissent l’Istighfar (ceux qui implorent le pardon divin). [Le verbe] Ghafara signifie cacher et couvrir ; [le verbe] Satara présente plus ou moins le même sens.

Maintenant parlons un peu de la médisance, au final, qu’est-ce que la médisance ? C’est expliqué dans ce hadith :

Une fois le saint prophète (saw) demande à ses compagnons « Savez-vous en quoi consiste la médisance ? Les compagnons répondirent : Allah et Son messager sont ceux qui savent le plus. Huzoor (saw) dit : C’est lorsque tu parles de ton frère en des termes qu’il réprouve. A cela les compagnons, en demandant l’avis du prophète saw, disent : Mais si les termes que j’utilise s’appliquent réellement sur mon frère ? Huzoor (saw) répondit : Si ce que tu dis existe réellement en lui, tu auras médit, et si ce que tu dis n’existe pas, alors tu l’auras diffamé. » (Muslim, 2589).

Ce hadith suivant montre à quel point la médisance est un acte indésirable :

Hazrat Anas (ra) rapport que le saint prophète (saw) a dit « Lors de mon mi’raj, je suis passé devant un groupe de gens qui avaient des ongles en cuivre avec lesquels ils se déchiraient le visage et la poitrine. J’ai demandé à l’ange Gabriel : Qui sont ces gens ô Gabriel ? Il m’a répondu : Ce sont ceux qui mangeaient la chair des autres et qui portaient atteinte à leur honneur, ils portaient de fausses accusations sur les personnes » en d’’autres termes, ils médisaient. 

Le Messie Promis (que la paix soit sur lui) a strictement interdit à son jamaat d’éviter cette habitude et a donné de forts conseils à ce sujet. Quelques exemples :

« La Jamaat ne peut pas être une Jamaat si les gens se critiquent les uns les autres et quand quatre d’entre eux s’assoient ensemble, l’un d’eux blasphème son pauvre frère et continue de critiquer et de mépriser les faibles et les pauvres. » (Malfuzat V.2, page 264)

« Allah Ta’ala désapprouve qu’un individu utilise des mots qui dégradent son frère et agisse de manière à le nuire. Exprimer des propos qui prouvent son ignorance ou son manque de jugement par rapport aux habitudes secrètes de son frère, créant ainsi de l’animosité ou de l’hostilité, est considéré comme des actions néfastes » Malfuzat V4, Page 653-654)

Il ajoute : Il devrait donner des conseils secrets à quiconque lui semble faible. S’il n’est pas d’accord, alors il doit prier pour lui et s’il n’y a aucun bénéfice de ces deux choses, alors considérez cela comme une question de prédestination et destin. Quand Allah Ta’ala les a acceptés, vous ne devriez pas vous enthousiasmer en voyant la faute de quelqu’un. Il a peut-être raison. Tout le monde commet des erreurs… De même, il ne faut pas abandonner un de ses frères, mais faire de son mieux pour le corriger. Propagez et mentionnez les défauts des autres est contre les enseignements du Saint Coran. »

Hazrat Khalifat Al-Masih Al-Awwal (RA.) a expliqué la relation entre ces maux moraux et a déclaré :

Certains péchés consistent à utiliser des péchés pour exposer les défauts des autres. Si on ne les abandonne pas, c’est comme briser une idole mais ne pas éloigner l’idolâtrie du cœur. Quand quelqu’un a de mauvaises pensées à propos de quelqu’un d’autre, il cherche ensuite à trouver des défauts d’une manière ou d’une autre. Il persiste dans cette recherche, pensant avoir clairement exprimé ses idées sur la personne concernée. Si quelqu’un pose des questions, il ne sait pas quoi répondre. Il s’engage dans une enquête pour satisfaire ses mauvaises pensées, et cela conduit à la médisance, comme le mentionne Allah le Miséricordieux

Hazrat Khalifa Al-Masih al-Thani (RA)

Nous avons un ordre clair concernant les choses qui vont créer une distorsion dans la société ou provoquer une distorsion. N’en faites pas la publicité, ne les diffusez pas. (Sermons de Mahmood Volume 2 Page 833)

Il ajoute : Le Saint Prophète (PSL) a non seulement décrit la médisance comme un péché, mais aussi son rejet comme une vertu… Trois choses sont le devoir d’un croyant. Tout d’abord, si quelqu’un décrit devant lui la faute d’un frère, il doit lui dire que la conclusion que vous en tirez n’est pas correcte, la réalité est la suivante. Deuxièmement, dites-lui de ne pas faire cela et troisièmement, s’il n’est pas d’accord, levez-vous et partez. (Sermons de Mahmud, volume 6, page 644)

Il ajoute dans un autre endroit :

Il ne faut pas non plus médiser. Vos propres défauts sont moindres et vous commencez à décrire les défauts des autres ? Au lieu de souligner les défauts des autres, vous devriez signaler vos propres défauts afin d’en tirer un certain bénéfice. Il n’y a aucun avantage à critiquer les autres, sauf le péché. (Anwar Al-Uloom Volume 5 Page 161)

Notre bien aimé calife, Hazrat Khalifatul Masih V (qu’Allah lui vienne en aide) déclare, sur l’interdiction de la médisance :

Dire du mal de quelqu’un derrière de son dos, peu importe si cette mauvaise volonté est en lui ou non. Si l’une de ses mauvaises actions est mentionnée dans son dos est évoquée, c’est de la médisance. Et lorsque le Saint Prophète (paix et bénédiction d’Allah soient sur lui) prenait l’engagement (le bait), il prenait spécifiquement l’engagement de ne pas médiser. Ce mal est si important car il crée des distorsions dans la société. La haine monte entre les uns et les autres. (Khutabaat Masroor, tome 3, page 285)

La médisance, c’est comme manger la chair d’un frère mort. Or, voyez-vous, même la personne la plus cruelle, même la personne la plus endurcie, n’ose jamais manger la chair de son frère mort. Même en y pensant, vous avez la nausée. (Khutabaat Masroor Volume 1 Page 566)

Ceux qui parlent dans le dos de quelqu’un doivent toujours se rappeler, que ces mots soient vrais ou faux, ils relèvent de la catégorie de la médisance ou du mensonge. Et ceux qui médisent devraient se rappeler de ce hadith selon lequel dans l’autre monde, leurs ongles seront en cuivre avec lequel ils gratteront la chair de leur visage et de leur poitrine. (Khutabaat Masroor V.1, page 233)

Regardez comme cette scène est effrayante. Combien terrible est le châtiment après la mort pour les médisants. Les humains parlent parfois avec insouciance. Parfois, il n’y a aucune intention de médisance ou de médisance, mais le Saint Prophète (saw) était si prudent dans cette affaire et est entré avec une telle profondeur et une telle subtilité que chaque fois qu’il y avait le moindre soupçon qu’il s’agissait d’une médisance, Il se plaignait donc fortement et avertissait immédiatement. (Khutabaat Masroor Volume 1 Page 573)

Dans un autre sermon, il a ajouté : La médisance est un grand péché ; certains n’hésitent pas à espionner pour connaître les défauts des autres afin de satisfaire leur égocentrisme. Ils basent leurs soupçons sur des bribes d’informations glanées ici et là. Il y a certains qui sont de grands érudits, mais qui n’hésitent pas à tenir des propos qu’une personne illettrée et inculte n’aurait pas tenus. Ils amplifient à outrance des griefs insignifiants qu’ils ont contre les autres et nuisent ainsi à leur travail et rendent leur vie désagréable. Certains de ces griefs sont présentés au Calife et après une simple enquête l’on découvre que tout n’était que rumeurs infondés et que l’affaire a été grotesquement amplifiée. Et ceux qui médisent ainsi rendent oppressante la vie de leurs victimes. La médisance est aux yeux de Dieu un défaut exécrable ; comme l’affirme le Coran c’est comme si l’on consommait la chair de son frère mort. Si l’on désire en toute sincérité réformer une personne on doit la conseiller en aparté. Si la personne concernée ne s’amende pas, dans ce cas, il y a des bureaux spécifiques pour la réforme, il y a un système de jamaat.

Il a ajouté : Je voudrais ici attirer l’attention de ceux qui détiennent des responsabilités au sein de la Jama’at, en particulier, les départements responsables de la réforme. Ils doivent effectuer la réforme avec une extrême prudence et en étant animé de compassion. Aucun individu ne doit ressentir que tel titulaire de poste a divulgué au public ses défauts. S’il y a ce ressenti de la part du concerné, sa réaction sera très vive. Les responsables de la réforme qui étalent au grand jour les fautes d’autrui engendrent d’une part la corruption au sein de la société tout en s’attirant, d’autre part, la colère d’Allah l’Exalté.

Allah l’Exalté leur dira : « Je vous ai offert l’occasion de servir la Jama’at, afin que vous puissiez adopter, dans la mesure du possible, Mes attributs. Or, vous allez à contre-courant de Mon attribut d’As-Sattar, engendrant ainsi de la frustration et des troubles.

Puisse Allah Ta’ala continuer à nous accorder la capacité d’éviter le péché de médisance et ses mauvaises conséquences. Amin

Auteur : Saeed RAJPUT de Majlis 59

Relecture par : Zeeshan RASHID de Majlis 59

Références :

Saint Coran (Al-hujurat : 13)

https://www.alfazl.com/2022/11/18/58510/

https://www.alfazl.com/2021/12/31/39237/